Ce pin sylvestre fait parti d’un groupe de plusieurs prélèvements achetés à l’automne 2008 auprès d’un amateur du sud de la France qui voulait épurer un peu sa collection. Ils ont tous été prélevés en Lozère, un lieu dont les conditions climatique parfois difficiles forment des yamadori très prisés.
Cet arbre n’a à première vu pas beaucoup d’intérêts, il est juste composé d’un morceau de tronc qui se termine en jin (réalisé par le précédent propriétaire) et d’une seule branche qui part sur la droite et qui se sépare en deux.
Evolution d’un Pin Sylvestre
Au printemps 2009, je constate que l’arbre est en bonne santé, les chandelles pousses vigoureusement et il présente un fort bourgeonnement en arrière. Je laisse cependant l’arbre tranquille tout le printemps et l’été. Il sera juste copieusement nourri à l’engrais organique et arrosé. Le but n’est pas de réduire la taille des aiguilles mais au contraire qu’il pousse vigoureusement afin de réagir correctement aux travaux à venir ; il ne faut donc pas lésiner sur l’engrais et l’arrosage.
Le chiffon blanc cache juste un jeune plant qui s’était développé dans le même pot.
Mi octobre 2009, l’arbre étant en pleine forme, des aiguilles bien piquantes et beaucoup de bourgeons en bout de branches. C’est le signe que l’arbre est bien vigoureux et que je peux me lancer dans la première mise en forme.
Le projet est de faire remonter la partie haute de la branche de droite et de baisser l’autre partie. Cette branche a un diamètre déjà assez important pour ne pas prendre toutes les précautions d’usage afin de ne pas la casser pendant le pliage (pliage dont l’angle va être d’environ 120 °).
Une première couche de raphia est posée ; le raphia a été préalablement mouillée afin qu’il serre bien l’ écorce après séchage. Puis deux fils d’aluminium de 5mm sont posés de part et d’autre de la branche, dans le sens du pliage (à l’extérieur et a l’intérieur de la courbe). Ces attelles sont maintenues en place avec de petits fils d’alu, le temps de poser la seconde couche de raphia qui les maintiendra bien en place.
Enfin, un gros fil de ligature est placé en spirale par dessus le raphia. Le pliage peut se faire avec précaution et doucement. Une fois la branche dans sa position a peu près « définitive », un hauban accroché au jin du tronc, la maintien en place. Vous pouvez voir sur cette photo que la branche a subit un pliage important. Le travail de mise en forme se poursuit d’une façon classique avec désaiguillage et ligature de l’ensemble des branches et rameaux. Voici le résultat après quelques heures.
La ligature n’est pas très belle et ne respecte pas trop les « règles de l’art », à mon corps défendant il y avait beaucoup de courbes a réaliser sur une longueur de branche assez courte. Mais depuis je me depuis bien amélioré dans la qualité de mes ligatures !
Mars 2010, ce pin est rempoté dans un pot tokoname
Courant 2010, l’arbre se remet de son rempotage, il pousse bien… Au printemps 2011, comme il pousse fort, les ligatures commencent a mordre… il faut enlever la totalité des fils.
A l’automne 2011 les branche reprennent doucement leurs positions… Une nouvelle mise en forme est faite courant novembre 2011. Je me suis posé la question de la pertinence de la grande branche à droite. Faut-il la conserver ou pas ? C’est une décision difficile à prendre, et irrémédiable pour la suite. Comme on dit, plus facile a couper qu’a coller, alors pour le moment je la conserve, il sera toujours temps de la supprimer plus tard. Voici l’arbre après la seconde mise en forme à l’automne 2011 puis durant l’été 2012.
Hiver 2012-2013, l’arbre est toujours en pleine forme, la végétation s’est bien développée depuis son arrivée chez moi en 2008. Cette évolution ouvre de nouveau la réflexion sur cette première branche. Les discussions avec des amis sont très partagées. Certains trouvent que cette branche fait toute la caractéristique de cet arbre et qu’en la coupant il y perdrait un peu de son âme en devenant un pin assez classique. Pour d’autres cette branche alourdit terriblement l’arbre, et plus la végétation va se développer, et plus cette impression sera renforcée. Je me suis rangé du coté de ce dernier avis car ce pin va encore pousser, la tête va s’arrondir. De plus le tronc n’est pas si gros donc une branche aussi basse ne se justifie pas.
Finalement la branche est coupée, transformée en jin. J’en profite aussi pour affiner et retravailler le jin de gauche. J’enlève l’écorce au dessus de la partie sèche jusqu’au cal cicatriciel. La tête doit aussi être corrigée, car dans la mise en forme précédente elle allait légèrement vers la droite (sens donné par la grosse première branche) alors que maintenant l’arbre va vers la gauche. La tête doit donc aller elle aussi vers la gauche.
Ligature, hauban sur la tête, mise en forme… Dans quelques années il devra être rempoté dans une poterie un peu plus petite mais ce n’est pas une priorité, je préfère lui conserver de la vigueur pour avoir des bourgeons en arrière et affiner la ramification.